L'église du Senhor do Bonfim - fête de lemanja - candomblé à Cachoeira

Le Senhor do Bonfim. Quelques cartes portales. Des explications de João sur les divinités. C’est complexe. Je retiens que la couleur d'Oxu est le jaune. J’oublie le code couleur des autres. Des divinités plurielles aux humeurs changeantes, pas comme en Europe monothéiste et verticale.


Explications aussi de l’église de Bonfim, chère aux brésiliens ou plutôt aux bahianais.
Deux fresques ou tableaux dans l’église. La mort du croyant entouré d’anges souriants et visiblement enchanté de mourir, d’une part, et la mort du pêcheur, entouré de démons, de serpents et de vices, pas trop tranquille de partir. A mon avis, il va moins s’emmerder que le bon croyant.



File:Senhordobonfim.jpg

Sans doute l'église la plus importante de Bahia, celle qui est liée aux origines africaines.

--> église Nosso Senhor de Bonfim


Les bracelets de bonne chance s'accumulent devant l'église. Vœux sur des bandelettes de tissu coloré, art baroque lourd et sombre, le Brésil religieux et polythéiste.



Pour remercier ou susciter des guérisons, voici des répliques de mains, de jambes ou d'os en plastique ex voto.



Un autre jour, après le Pelorinho, nous prenons un taxi pour retrouver João au Rio Vermelho. Rendez-vous dans un bar extérieur, près d’une plage. Des musiciens de Forro passent. L’accordéon typique scande la musique.
Ensuite nous nous dirigeons vers la plage nocturne. Elle est très éclairée. Nous rejoignons deux cérémonies de Iemanja, au bord de la plage.
Des gens vêtus de blanc sont disposés en rond autour d’un pae dos santos. Ils chantent et se font l’accolade. Des fleurs sont placées sur un petit bateau. Deux groupes distincts se voisinent sur la plage. La cérémonie a été décalée dans le temps. Elle est distincte du jour officiel trop fréquenté, trop lourd. Là, les curieux comme nous sont peu nombreux. Nous restons à l’écart. Le premier groupe avance vers la mer. Quelques uns y entrent et tirent les petits bateaux emplis de fleurs vers le large. Le groupe chante et les gens se congratulent. Les fleurs offertes à Iemanja sont laissées à leur sort et la cérémonie se termine. 
Le second groupe, lui aussi de blanc vêtu, fait de même. Les bateaux fleuris sont remis à une autre embarcation qui s’éloigne vers le large dans la nuit. Elle y disparaît. Les gens restés sur la rive chantent. Le bateau revient sans les fleurs. La cérémonie se termine aussi. Une dame de la cinquantaine nous salue et nous apostrophe. Pourquoi n’êtes vous pas venus ? Je bafouille quelques mots. Les gens rentrent dans la ville.




Plus tard à Cachoeira. Il est décidé d’aller le soir à un rituel Candomblé à Muritiba à 3 km. Nous en parlons à nos amis du Ceara, qui comptent y aller. Ils ne viennent pas en assurant que c’est un candomblé pour touristes. Ils ne savent pas encore qu’ils se trompent.
Le guide nous emmène à Muritiba. C’est bien plus que 3 km en fait. Nous avançons par São Felix et un labyrinthe dans Muritiba nocturne. Arrivée dans une cour. Souci de sécurité : la voiture est garée prête au départ. Le guide nous introduit dans une salle décorée de tissus chatoyants. Trois tambours se mettent à jouer leurs rythmes africains déjà entendus la veille. Rythmes lancinants. Des femmes de tous âges commencent à tourner autour de l’axe de la salle. Elles sont vêtues de vêtements baianais de grande fête. Beaucoup de couleurs, des chapeaux chatoyants, des outils agricoles (?) dans les mains. Elles tournent, tournent. Trois femmes plus âgées président le rituel. Elles sont vêtues de vêtements de fête. Le public est divisé en deux parties : hommes et femmes. Une centaine de personnes au total dans la salle. D’autres dehors. Une longue interruption d’environ deux heures. Dans le public un jeune homme d’une grande beauté porte un costume en tissu africain, blanc et vert, très classe. Un autre porte lui aussi un vêtement de même style. Ils discutent avec la femme qui préside.
Je regarde et discute peu, faute d’interlocuteur et un peu intimidé. Trois enfants noirs, frères, s’amusent et rient avec des ballons qu’ils gonflent et dégonflent. Des femmes offrent des plateaux de nourriture style empanadas et des boissons. J’hérite d’un coca cola qui me maintiendra éveillé. João discute avec un argentin implanté à Muritiba. Blandine et Claudia sont assises en face, ensemble et discutent un peu avec leur voisine. Le public est noir mais pas que. Quelques têtes plus claires qui connaissent le rituel : ils chantent.
Les gringos c’est nous, bien sages. Puis les femmes reviennent dans la salle revêtues de leurs beaux atours et recommencent à tourner. Les tambours marquent le rythme. Ils s’arrêtent régulièrement et recommencent. Les femmes ferment les yeux en tournant. On me dit plus tard que les orixas viennent en elles. D’autres femmes leur essuient le visage en sueur, rajustent leurs vêtements. Un état de transe tranquille. Pas d’alcool. Les rythmes s’accélèrent. Les hommes marquent plus fortement les interruptions en chantant. Cela n’est pas du portugais peut-être du nago. Le garçon à côté de moi s’endort . Il est venu avec son cousin de Salvador, style joyeux luron dont je ne comprends pas les plaisanteries.
Les femmes tournent de plus en plus, les chants sont plus forts. Un chanteur que je ne vois pas lance des strophes. Soudain les femmes vont vers  le public et enlacent tout le monde.
Partage de la possession, de la relation avec les orixas? Je ne sais pas. Je fais comme les autres. Les accolades - abraços se multiplient alors que les tambours frappent. Puis c’est fini. La cérémonie s’arrête. Les femmes quittent la salle. Les beaux vêtements disparaissent. Les gens sortent de la salle et rentrent chez eux. Nous n'avons pas fait de photos par politesse. Quelques rares photos sont prises des maîtresses de cérémonie. Les nombreux ballons qui décoraient la salle sont explosés par le public à la fin du candomblé. Feux d’artifices de vent.
Ce n’est pas du candomblé touristique c’est un vrai candomblé, comme le guide l’avait promis. Il était peu causant durant le rituel, très attentif aux formes de notre présence. Il parle plus  au retour dans la voiture avec João qui est un connaisseur.


Nous en tirons un fort sentiment d’axé, sans bien comprendre.Une femme vient nous parler gentiment à la fin du rituel en nous offrant de la nouriture. Quelques phrases de portugais. Puis retour en voiture, en caravane avec celle de l’argentin. A l’arrivée à Cachoeira, le guide nous quitte, nous le payons. Il nous demande si cela nous a bien plû.  Bien sûr, sans comprendre beaucoup. Se laisser aller à la beauté des tissus, aux rythmes lancinants et écouter plus que parler. D’ailleurs rien à dire. Sentiment d’avoir vu quelque chose d’important. Le guide restera à Cachoeira pour dormir, il ne rentre pas chez lui. Le danger est bien là.

Nous dormons d’un trait. Nos amis ne dormirons que vers 4h du matin diront-ils le lendemain.
Nous avons entendu battre le coeur du Brésil.

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